Le grignotage, la boulimie, les fringales et les repas nocturnes détraquent notre horloge biologique, provoquant fatigue et déprime, indigestion chronique, problèmes intestinaux, rétention d’eau, déséquilibres hormonaux et prise de poids.
Beaucoup de personnes prennent des kilos parce qu’elles mangent nerveusement sans appétit et sur le pouce à tout moment, sans tenir compte de leurs rythmes biologiques
D’après Pierre Pallardy, auteur du livre « Et si ça venait du ventre », la boulimie, c’est-à-dire l’envie irrépressible de manger n’importe quoi sans appétit et à toute heure, aboutirait toujours à un stockage excessif de graisses, de même que le grignotage, qui est la prise répétitive et automatique de petites quantités de nourriture déclenchée sans faim. La fringale, l’envie urgente de manger due à l’insuffisance du repas précédent, à un choc émotionnel ou à un effort physique prolongé, peut aussi aboutir à une prise de poids, selon ce diététicien et ostéopathe français. Pour lui, manger nerveusement sans appétit et sur le pouce à tout moment de la journée ou de la nuit, sans tenir compte des rythmes biologiques naturels de notre organisme, est aussi à l’origine de toute une série d’autres problèmes de santé plus ou moins graves comme l’indigestion chronique, le gonflement des intestins, l’inflammation de la muqueuse intestinale, la fatigue, la déprime, ainsi que les troubles cardio-vasculaires, lymphatiques et hormonaux.
Notre horloge biologique prévoit que nous fassions trois, quatre, voire cinq repas par jour selon l’intensité de notre activité physique. Pierre Pallardy conseille de prendre un petit déjeuner léger puis d’attendre quatre heures au moins entre chaque repas (trois heures en cas d’activité physique intense). Pourquoi ? Les ruptures répétées des horaires des repas peuvent provoquer le dérèglement de notre horloge biologique et des modifications de notre métabolisme. Parfois ces ruptures sont inévitables (voyages, décalages horaires, insomnies, travail nocturne).
La prise alimentaire nocturne et le repas unique augmentent le taux de cholestérol et les dépôts graisseux sur les artères. Par ailleurs, la digestion s’opère de façon différente pour un même repas selon qu’il soit consommé à midi ou à minuit. Un repas pris dans l’urgence, par manque de temps ou dans un contexte de stress déclenche des mécanismes qui ont pour effet final la prise de poids. Il en va de même pour les régimes qui suppriment l’un ou l’autre aliment (régimes hyper protéinés, par exemple) et le jeûne, selon l’auteur. L’estomac sécrète les sucs digestifs à heures fixes et s’ils n’ont rien à traiter, ils se transforment en acides toxiques pour l’organisme.
Source : Pierre Pallardy, « Et si ça venait du ventre » (Robert Laffont)
Des études scientifiques ont mis en lumière le risque accru d’abus de substances comme l’alcool, le tabac ou la drogue chez les personnes ayant eu recours à une chirurgie bariatrique.
L’addiction à la nourriture peut être remplacée par d’autres formes de dépendance (cigarette, alcool, drogue…) après une intervention chirurgicale d’amaigrissement
La chirurgie bariatrique a pour objectif de provoquer un amaigrissement par la réduction de la capacité du système digestif et donc de la quantité de nourriture et de calories assimilées par l’organisme. Deux options se présentent : le pontage gastrique ou l’anneau gastrique. Toutes deux s’adressent aux personnes en surpoids important ou obèses et permettent généralement un amaigrissement conséquent.
Les études montrent que bon nombre de candidats à ce type d’opération souffrent d’hyperphagie boulimique et présentent donc un profil de dépendance.
L’hyperphagie boulimique est un trouble du comportement alimentaire caractérisé par des crises boulimiques fréquentes sans recours à des conduites compensatoires comme l’usage de laxatifs, les vomissements, le jeûne ou la pratique d’une activité physique à outrance. Durant ces crises de boulimie une importante quantité de nourriture est absorbée en très peu de temps. Ces épisodes boulimiques sont associés à un ou plusieurs des signes suivants : manger rapidement jusqu’à éprouver des douleurs au ventre, manger sans avoir faim, manger en cachette et ressentir de la culpabilité, de la déprime ou un dégoût de soi-même en raison de ce comportement alimentaire aberrant.
La personne souffrant d’hyperphagie boulimique a la sensation de perdre complètement le contrôle, tant l’attrait de la nourriture est irrésistible. Même si elle réussit sporadiquement à contrôler ses habitudes alimentaires, elle est incapable de cesser de manger de façon compulsive. Comme l’anorexie, l’hyperphagie boulimique est donc un comportement alimentaire obsessionnel révélateur d’une dépendance à la nourriture : il provoque une grande souffrance psychologique et une surcharge pondérale parfois très importante.
Les candidats se présentant pour une chirurgie bariatrique correspondent souvent à ce profil particulier. Si rien n’est fait pour aborder leur problème avant de passer en salle d’opération, leur dépendance à la nourriture risque de se métamorphoser en d’autres formes de dépendance (nicotine, alcool, drogue…) après l’intervention, lorsque les excès de nourriture seront devenus impossibles. Cette réalité illustre bien la nécessité d’une préparation et d’un suivi psychologiques sérieux des personnes souhaitant recourir à la chirurgie bariatrique pour perdre du poids.
Alcoolisme, toxicomanie, tabagisme, boulimie, anorexie, automédication compulsive, achats compulsifs, amours fusionnelles, dépendance au sucré ou au (trop) salé… Toutes les addictions peuvent être destructrices, même celles qui paraissent anodines.
Dépendance, addiction, obsession, compulsion, pulsion irrésistible, assuétude, accoutumance, asservissement… Ces termes étaient utilisés autrefois pour décrire la toxicomanie essentiellement. Mais en réalité, nous sommes tous « accros » dans une certaine mesure, incapables de résister à certaines choses et à certaines personnes ou à refréner certains comportements dont nous savons pourtant qu’ils ont de graves conséquences.
La dépendance est une relation pathologique avec une substance, que ce soit le vin, la cigarette, les amphétamines, les médicaments, le chocolat, la « junk food » pour ne citer que celles-là, ou une activité comme le travail (accro au travail ou workaholic en anglais), le jeu, le sport (voir aussi : dysmorphophobie), le sexe, la masturbation… Certains comportements obsessionnels ou gestes répétés mécaniquement sont révélateurs d’un problème de dépendance: stockage excessif de cartouches de cigarettes de réserve, tasse de café à portée de main, télévision allumée toute la journée, prise systématique de somnifères ou d’antidépresseurs… La dépendance peut aussi être affective (relations de couple fusionnelles), mais nous n’aborderons pas ce sujet ici.
La personne dépendante recherche ces différentes « drogues » pour fuir la réalité et amortir ses émotions: elles l’aident à balayer la tristesse et les sentiments désagréables et d’éviter les conflits. Le soulagement n’est cependant que passager et la souffrance prend d’autres visages : peur du manque, honte face à l’insoutenable asservissement, comportements obsessionnels, émotions refoulées depuis longtemps parfois, exclusion, isolement… L’addiction qui dicte sa conduite et le manque de confiance en soi l’empêchent de communiquer normalement et d’établir des relations adultes et harmonieuses. Le monde « extérieur » est ressenti comme envahissant, menaçant ou dangereux. Les « autres » peuvent, le cas échéant, être un moyen de se procurer sa drogue, sans plus, car le plaisir qu’elle lui procure est solitaire.
Boire du vin en cachette jusqu’au coma, détruire son corps par un excès d’exercice physique, se gaver d’aliments sucrés puis se faire vomir pour pouvoir recommencer… Toutes les dépendances sont destructrices, y compris celles qui paraissent les plus inoffensives. Par exemple, les désordres alimentaires tuent plus fréquemment que les overdoses: environ 10% des anorexiques meurent de leur compulsion à contrôler leur besoin de nourriture. Les régimes draconiens ou répétés, les pilules amaigrissantes et autres produits anti-kilos miracle peuvent causer des dégâts irréparables, tout comme un surpoids excessif.
Dans toute conduite compulsive il y a transgression. Celle-ci est parfois perçue par la personne dépendante comme une sorte de rituel, un sacrifice ou une quête spirituelle. Désobéir, mentir, manipuler, voler… La délinquance est présente dans beaucoup d’addictions : le vol, souvent associé à la toxicomanie, est aussi fréquemment le fait des personnes souffrant de troubles du comportement alimentaire.